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Ecrire une liste avec l’anaphore

« il y a »

 

 

Je vous propose ici une figure de rhétorique dont la formule récurrente est généralement fort peu appréciée des professeurs puisque nombre d’entre nous ont été priés dans nos devoirs de lui substituer  une formulation plus recherchée*.

Nous dirons donc que nous utilisons notre droit à la licence poétique afin de nous affranchir des diktats professoraux. D’autant plus qu’à l’âge que j’ai, j’aime pouvoir écrire comme je veux…

* Et Aragon, hein ? Il n’a pas utilisé cette formule, Aragon ?

Tout d'abord, je vous propose de choisir un moment où vous êtes tranquilles, suggérez donc à monsieur Mari de regarder son émission préférée et mettez les chéris au lit.

 

Ensuite, prenez un peu de temps pour évoquer mentalement ce dont vous voulez parler. Cela peut être votre chéri (si gentil et compréhensif qu’il vous laisse toute à votre création poétique), vos enfants, l'un de vos enfants, la vue que vous avez de votre fenêtre, votre travail, vos rêves, votre rêve, votre endroit pour scrapper, votre salle de bain, votre cuisine, votre chien, votre chat ou vos perroquets, vos passions ou votre loisir préféré… Bref, une chose ou une personne dont vous avez envie de parler (ou une chose ou une personne pour laquelle vous seriez tentée de jouer à cette écriture de texte). C'est choisi ? Bien.


Maintenant, vous pourriez évoquer mentalement votre sujet et tout ce qui s’y rapporte. Vous laisseriez votre esprit dire ce qu’il veut. Vous ne censureriez aucune proposition, vous les écririez juste au fur et à mesure qu’elles vous viennent. Vous laisseriez naître de vous toutes les idées, toutes les images qui ont trait à votre sujet en commençant toutes vos phrases par "il y a", vous ne chercheriez pas à formuler mieux que ça. Il est sûr que ce n'est pas une formule des plus élégantes, mais la répétition donnera un rythme et une mélodie à votre texte, votre liste deviendra poème. 


Qui a envie d'essayer ?

Et qui sait ? Si  votre création vous plaît vous pourriez retrouver les photos relatives à votre sujet et les mettre en page ?

« Il y a » vous parait d’un usage absolument rédhibitoire ? Fi donc ! Vous n’allez pas vous arrêter à ces contingences ! Vous pouvez utiliser bien d’autres anaphores.

- Il y a…

- Il y avait…

- Si j’étais…

- Si nous étions…

- Prénom, …

- Nom de ville, …

- Verbe, … (à l'infinitif ou conjugué)

- Je me souviens…

- Te souviens-tu… ?

- Je rêvais…

- Pourquoi… ?

- parce que...

- C’est…

- C’était…

- Je suis…

- Nous sommes…

Des exemples de pages réalisées avec ce procédé de l'anaphore
Voici la magnifique page de son album de mariage, réalisée par Alexandra avec de splendides papiers, dans des tons chaleureux, illustrant ce procédé de répétition avec l'anaphore "il y a" sur des bandelettes de papiers qui donnent encore plus d'effet à la liste.

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Merci à toi Alexandra, d'avoir accepté d'illustrer ce procédé.

Et voici la page de Laurence, tout aussi splendide par son originalité : les envolées dansantes et virevoltantes du texte, le choix de l'anaphore "elle", la valse des motifs découpés.

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Merci à toi également, Laurence, d'avoir accepté d'illustrer ce procédé.

Des exemples de poèmes utilisant ce procédé de l'anaphore
"Il n'y a pas d'amour qui ne soit à la douleur
Il n'y a pas d'amour dont on en soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
(Aragon)

Rome, l'unique objet de mon ressentiment,
Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant,
Rome, qui t'a vu naître et que ton coeur adore,
Rome, enfin que je hais parce qu'elle t'honore.

(Corneille)

Au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir.
Il y a une horloge qui ne sonne pas.
Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches.
Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte.
Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis, ou qui descend le sentier en courant, enrubannée.
Il y a une troupe de petits comédiens en costumes, aperçus sur la route à travers la lisière du bois.
Il y a enfin, quand l'on a faim et soif, quelqu'un qui vous chasse.

(Rimbaud)